L’association jupe-corselet
Le corselet forme avec la jupe un ensemble indissociable.
Et, s’il n’est pas rare de trouver dans les collections un certain nombre de corselets séparés de leur jupes, , c’est bien l’association de ces deux pièces qui forme la base sur laquelle les autres éléments viennent s’agréger, pour donner à la tenue son identité particulière.
Il est donc important d’être au clair dès le départ sur le type de costume que l’on souhaite recréer, la forme du corselet et la couleur de la jupe qui l’accompagne étant déterminants pour la suite de la confection. (Petit historique concernant la jupe.)
Un choix déterminant
Pour rappel, les corselets de type ″protestant″ ne sont pas identiques à ceux dits ″catholiques″. Voir : un corselet à géométrie variable.
Les premiers sont d’un format assez court, très ouvert sur l’avant, en passant sous la poitrine. Les seconds remontent plus haut, avec une forme générale plus enveloppante.
Mais le fait de s’appuyer sur des critères distinctifs et documentés permet de donner à son costume une identité précise, en accord avec des codes vestimentaires reconnus.
Ne serait-ce que pour éviter la banalisation des costumes de style ″hybride″ qui tendent à se généraliser, en donnant au costume alsacien une allure standardisée, à usage touristique, sans caractère particulier.
La recherche de la cohérence
Ce choix est d’autant plus important que, comme énoncé plus haut, le corselet, la jupe et les autres parties du costume sont en rapport les uns avec les autres et n’ont pas la même allure selon qu’ils accompagnent un costume de telle ou telle confession.
Le vorstecker en est l’exemple le plus parlant.
Cette petite ″pièce de poitrine″ n’a en effet pas qu’une fonction ornementale.
En venant se glisser derrière la partie lacée du corselet, le vorstecker soutient la poitrine tout en préservant des regards l’intimité de la chemise que l’échancrure du corselet laisserait trop à découvert.
Les deux s’associent et se complètent, la taille et la forme de l’un étant décidées par celle de l’autre.
Lire aussi : le vorstecker, l’Alsace qui plastronne.
Un costume emblématique
C’est le costume porté dans le Pays de Hanau qui sert généralement de modèle aux costumes dits ″protestants″. Dans cette région restée longtemps un véritable bastion du protestantisme en Alsace, les traditions ont gardé, de part cette forte identité religieuse, un caractère très spécifique.
D’où un costume bien typé qui le rend identifiable par rapport à ceux portés un peu plus loin, dans le Kochersberg.
Le corselet est de format court avec la taille plus haute que son emplacement naturel. Le dos étroit, dégage largement la ligne des épaules et des omoplates.
La partie avant passe sous la poitrine. Elle se ferme de deux manières, soit par un système de laçage avec œillets soit par une agrafe dans la partie basse. Pour plus de détails sur les corselets du Pays de Hanau.
Schéma général
Le corselet est coupé en une seule pièce, sans aucune couture.
L’examen de l’intérieur du corselet permet de s’assurer de cette continuité. Les points de coutures visibles sur la partie interne ne servent qu’à maintenir en place les galons décoratifs.
Faire des économies
La forme arquée des corselets pouvant générer des pertes de tissu, il arrivait que l’on procède à des raccords pour ″rattraper″ cette allure incurvée. Les chutes étaient utilisées pour habiller l’amorce des bretelles ou les parties en pointes, sur l’avant.
Ce qui permettait de ne rien laisser perdre des beaux satins brochés et autres velours ciselés qui entraient dans la confection des corselets. Mais rappelons que ces assemblages ne touchaient que la partie extérieure, la doublure demeurant taillée d’un seul tenant.
Rien ne se perd
Le même souci de rien laisser perdre faisait entrer ces chutes de tissu dans la confection des vorsteckers. Les morceaux plus ou moins grands servaient ainsi de fond aux broderies et autres motifs perlés ou pour habiller la partie inférieure.
Adaptations morphologiques
Il était de ce fait très apprécié par les paysannes et femmes de petite condition car particulièrement adaptée aux changements de silhouette liés à la grossesse.
Détail qui explique pourquoi ce type de costume est resté la norme pour la plupart des costumes traditionnels européens. (voir article sur Le costume européen. )
Mais il arrivait que cette ″plasticité″ ne soit pas suffisante, le changement de proportion devenant irréversible. Certains corselets témoignent de manière touchante de cette problématique et des techniques mises en œuvre pour la solutionner.
Dans la société paysanne de l’époque où il était impensable de jeter, ces ″bricolages″ textiles étaient fréquents. Ils obéissaient à un réflexe économique qui obligeait à faire durer autant que possible les vêtements. D’où les interventions pour une ″mise à l’échelle″.
Ces modifications n’intervenaient jamais au milieu du dos mais de manière plus discrète, sous le dessous des bras. Emplacement nettement moins en vue.
Un détail très singulier
La comparaison des différents types de corselets met en lumière un détail surprenant : la manière dont sont fixées les bretelles.
A de rares exceptions près, les bretelles des corselets de type ″protestant″ sont retenues par des agrafes sur le devant, contrairement à ceux de type ″catholique″ où elles sont majoritairement cousues.
Ces dernières ont également un aspect plus large.
D’apparence anodine, ce détail vient compléter l’allure bien particulière du costume protestant du Pays de Hanau qui, avec ses proportions plus étroites, tranchent avec ceux plus enveloppants que l’on peut observer en particulier dans le Kochersberg.
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Julie
29 mai 2023Merci beaucoup pour toutes ces indications, elles vont bien m’aider à finir la conception de ma robe.