Vers l’élargissement du format
Après 1860, la forme générale prend du volume. Les boucles du ruban s’élargissent, se gonflent, faisant basculer ses extrémités vers l’arrière de la tête. Le bonnet se retrouve ainsi partiellement recouvert, faisant régresser une partie de son décor brodé.
(voir article sur les broderies du bonnet ici)
D’autres clichés montrent une façon de nouer le ruban moins souple avec des boucles s’étirant davantage en longueur. Les extrémités sont également plus longues et viennent effleurer les épaules.
Intéressante confrontation entre deux photos, saisis à la même période: si la coiffe et les accessoires sont identiques (avec les incontournables châle et tablier), le reste de la tenue diffère résolument. A gauche, la robe est de type citadin, selon la mode du Second Empire. A droite, le costume est de style traditionnel, avec casaquin et jupe à galons.
(Les photos ne sont pas datées mais la mention des studios Gerschel de Strasbourg sur le cliché de gauche fourni un indice intéressant. En effet, le studio Gerschel cessa ses activités après 1870, les frères Gerschel partant s’installer à Paris.)
Variations sur la longueur
Vers 1870, les extrémités du ruban s’allongent résolument et descendent dans le dos.
Modification qui n’affecte pas beaucoup la partie haute du nœud qui garde, à peu de détails près, une même envergure.
Les boucles apparaissent parfois moins redressées, retombant plus ou moins mollement sur les cotés du bonnet.
Plusieurs représentations, laissées par les peintres et dessinateurs alsaciens, laissent entrevoir les contours d’une mode localisée, affectant davantage la campagne que la ville.
On y retrouve une configuration proche de celle du tableau antérieur de quelques années de « La foire aux servantes » (voir en article précédent), avec les mêmes boucles plates, retombant sur les cotés. A la différence que le ruban est ici plus étroit et que ses extrémités plus longues retombent sur la nuque.
Hors catégories
D’autant que certaines d’entre elles échappent à toute tentative de catégorisation en mélangeant les formats et les configurations. Ce qui complique d’autant plus la lecture du modèle évolutif.
Les anciennes et les modernes
Dans ce tour d’horizon des différents styles de nœuds, il ne faut pas écarter l’habitude (déjà mentionnée dans le précédent article) pour les femmes de conserver la manière de nouer leur ruban selon la mode de leur jeunesse et de leur village.
Ce qui ne correspondait pas toujours à un choix personnel. Le poids des conventions sociales était alors très fort et limitait les innovations individuelles.
L’introduction des nouveautés se faisaient souvent par petites touches, les jeunes femmes se montrant plus réceptives à la « modernité » que leurs ainées, sur lesquelles reposaient la préservation de la morale et des traditions.
Difficile, dans ce contexte, de préciser les aires géographiques propres à chaque forme de ruban ou d’établir les critères sur lesquels s’établissaient toutes les variations de forme.
La codification du costume, telle qu’elle nous est actuellement connue, ne semble pas aussi rigide qu’elle le sera par la suite. D’autant que l’essor textile qui introduit de nouvelles modes, de nouveaux produits toujours plus attractifs, vient accélérer leur variabilité.
Dans cette seconde partie du 19è siècle, la coiffe alsacienne, comme beaucoup d’autres coiffes régionales, reste encore en devenir.
Son évolution va connaître un tournant décisif, après 1870 et le passage de la région sous domination allemande.
à suivre . . .
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Un grand remerciement aux collectionneurs privés pour la mise à disposition de leurs documents.
Rita
26 mai 2023merci pour cet article très intéressant
Hund Jacques
22 novembre 2023Iconographie et légendes sobres et éclairantes.
Bravo