Un élément distinctif
Vers le milieu du 19è siècle, les nouveautés induites par l’essor des industries textiles se diffusent dans la mode paysanne, permettant en quelques décennies un développement particulier du costume traditionnel.
Dès les débuts du 19è siècle, elle est un élément régional distinctif, déjà remarqué par les voyageurs.
Depuis sa fonction d’origine qui est d’aider au maintien de la coiffe, ce petit ruban a acquit peu à peu une valeur ornementale inédite. Ce qui le soumet à de nombreuses influences, autant historiques et géographiques que culturelles.
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Disparités territoriales
Au sud de l’Alsace, les particularismes vestimentaires ont été rapidement balayés par l’industrialisation, faisant disparaître, entre autres, petite coiffe et petit nœud de ruban. Ce qui n’est le cas des régions situées plus au nord, où l’exode rural s’est moins fait sentir. Ce qui a permit aux traditions locales de s’enrichir et d’entretenir leurs particularismes, avec un effet de diversification marqué.
Selon les lieux et les influences, c’est à travers la coiffe et son nœud de ruban que cette vitalité des traditions s’est le plus exprimée. Avec, selon les territoires, des variations de formes et de dimensions significatives.
Les villages de Seebach ou Hunspach sont le bon exemple de coiffe où le bonnet, avec son nœud de ruban, ont évolué dans des proportions modestes.
Le papillon prend son essor
C’est dans le Kochersberg et le Pays de Hanau que la coiffe féminine va subir, les modifications les plus importantes avec, dans la seconde moitié du 19è siècle, une augmentation régulière des volumes.
Évolution qui s’est pas opérée de manière régulière. Comme on le verra plus loin, la manière de nouer le ruban divergeait fortement, sans qu’il soit possible d’en établir clairement les raisons.
C’est vers 1840,que le nœud de ruban qui surmonte le bonnet prend doucement son envol. Il se déploie en un papillon dressé sur le haut de la tête. Ses extrémités courtes s’ornent de franges.
Le style « hélicoptère »
Ce développement du ruban de coiffe prend parfois des allures étonnantes, comme nous le révèlent certaines gravures.
Sur la même période, les premières photos connues d’alsaciennes en coiffe sont tout aussi surprenantes.
Étrange manière de nouer le ruban, façon « hélicoptère », très éloignée de la vision actuelle de la coiffe alsacienne.
On remarquera la physionomie générale du nœud dont les extrémités dressées sont séparées des boucles qui retombent vers l’avant.
De la ville à la campagne
Cet agencement n’a pas partout un aspect aussi ébouriffant, comme le démontrent deux dessins de Théophile Schuler.
Ici, le contexte se veut plus rural, d’où une manière moins sophistiquée d’attacher le ruban. Sans doute est-il aussi moins amidonné, les paysannes n’ayant pas toujours le temps de lui donner la même fière apparence qu’à celui des femmes venues prendre tout spécialement la pose dans le studio du photographe de Strasbourg.
Dans le fameux tableau de « La foire aux servantes » peint par Charles-François-Marchal en 1864, les jeunes filles de la région de Bouxwiller, apparaissent coiffées d’un nœud de ruban d’un aspect également plus sage, les boucles et extrémités courtes du ruban reposant sur les cotés du bonnet.
Premiers élargissements
C’est sur cette base horizontale que l’ensemble du nœud de ruban commence sa mutation autour de 1850. Il se rallonge progressivement sur les cotés, le plissage restant assez simple, sans façonnement particulier.
En prenant peu à peu de l’ampleur, le ruban se déploie résolument en largeur, les extrémités étant généralement garnies de franges plus ou moins longues.
Diversité des apparences
Les femmes restaient fréquemment fidèles aux modes en vigueur au moment de leur mariage. La manière dont elles nouaient le ruban de leur coiffe faisait partie de cet attachement particulier.
D’où une coexistence de styles sur une même période ayant pour résultat des apparences très diverses.
Lesquelles ne simplifient pas la lecture des documents iconographiques.
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Un grand merci aux collectionneurs privés pour la mise à disposition des documents iconographiques.
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