Un bonnet qui s’assombrit
Les décors brodés ont régressé sur la partie arrière du bonnet, celui-ci disparaissant entre les plis du grand nœud. (Voir l’article : petit nœud deviendra grand )
Dans certains villages du pays de Hanau, cette évolution a même abouti à un effacement complet du bonnet et de son ornementation, totalement recouvert par les pans arrière du ruban.
Une ornementation stylisée
Cantonné à la partie arrière du bonnet, le décor brodé se décline en deux grandes catégories de motifs: soit un rameau floral stylisé, dans l’esprit des anciens bonnets dorés, ou bien des motifs d’étoiles ou de fleurs, disposées en trio le long du bord supérieur.
Même si ces décors accusent une certaine sobriété ornementale, en comparaison des bonnets du 18è siècle, ils n’en gardent pas moins une grande qualité d’exécution. L’observation des broderies met en évidence, pour les plus riches d’entre eux, un travail d’un grand raffinement, dans la continuité des productions du siècle précédent.
Fils d’or et fils de soie
Divers matériaux interviennent dans leur réalisation tels que fils d’or ou de soie colorée, cannetille d’or ou d’argent, paillettes de formes diverses, perles ou verroteries.
Certains motifs, particulièrement sophistiqués, allient feuilles métalliques laitonnés, travaillées à l’emporte-pièce et incrustées de petites pierres biseautées.
Un travail d’une grande technicité
L’étude de ces broderies soulève de nombreuses questions portant autant sur les techniques utilisées que sur les lieux et les personnes intervenant dans leur création.
Leur qualité et la précision de leur réalisation rendent l’idée d’une production domestique isolée difficilement envisageable. Constatation qui met à mal l’image, ô combien charmante, de la jeune fille brodant sa coiffe le soir au coin du feu. Ce qu’une analyse rigoureuse oblige à écarter.
Bien qu’il ne soit, bien sûr, pas impossible que l’une ou l’autre pièce ait pu être confectionnée de cette manière, ces productions n’ont pu être que marginales. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne la broderie d’or qui requiert des capacités toutes particulières.
Des similitudes intéressantes
En l’absence de documentations précises, il est difficile de nos jours de savoir comment s’organisait ce délicat travail de broderie.
Mais une observation attentive de plusieurs bonnets permet d’avancer quelques hypothèses. En effet, certains présentent des similitudes dans les techniques et les motifs utilisés. Ce qui suppose une maîtrise suffisante des procédés et des matériaux pour savoir élaborer des créations différentes, tout en gardant la même unité de style.
Ces analogies laissent entrevoir l’existence de brodeur(ses)s de métier dont la main et la manière se reconnaissent au travers de pièces aux motifs différents mais identiques quant à la « façon ».
Mais comment ces brodeurs ou brodeuses travaillaient-ils ?
Possédaient-ils leur propre lieu de travail, avec une production à la commande, ou bien œuvraient-ils (elles) au sein même des ateliers où se confectionnaient les autres pièces du costume?
Les doigts des moniales ?
Qu’elles utilisent des fils d’or ou de soie, ces broderies sont travaillées en incluant des rembourrages de gros fils ou des cartonnages (cartisanes) afin d’accentuer l’effet de relief.
Technique que l’on retrouve à l’identique sur les chasubles et surplis portés jusqu’il y a peu lors des offices religieux.
Certaines des techniques de broderie utilisées sont très proches de celles que l’on retrouve sur les vêtements liturgiques, tout spécialement en ce qui concerne les broderies d’or.
Peut-être que dans les couvents spécialisés dans ce type de réalisations, se confectionnaient aussi certains articles à destination d’un public laïque.
La question reste ouverte … en attente d’informations suplémentaires.
A lire aussi : La coiffe et ses secrets – Confection et patrons
______________________________
Documentation
- Le livre d’heures des coiffes d’Alsace – Marguerite Doerflinger- Editions Oberlin – Strasbourg. 1981
- Quelques paillettes, un peu de soie – Catalogue exposition – A.Wolff et J-L Neth – Édition Musée d’Unterlinden – 2009-2010
- Le grand livre de la broderie – Ouvrage collectif – Editions Marie Claire – 2017
- Goldstickerei. (volume 1) – Franziska Rettenbacher et Karl Rettenbacher – 2013
- Die Kunst Der Goldstickerei – Amalie von Saint-George – Hansebooks (ré-édition). 2017
Liens
https://gehts-in.com/coiffes-maison-kochersberg-truchtersheim/expositions-costumes-alsace/
http://www.plaisirstextiles.com/pages/glossaire-de-la-broderie.html
https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/cartisane
Qu'en pensez-vous ?