Une histoire chahutée
Le Fricktal, apprécié pour ses beaux paysages peuplés de cerisiers, est une vallée suisse, sur la rive gauche du Rhin, à une trentaine de kilomètres en amont de la ville de Bâle.
Tout comme la partie sud de l’Alsace, la région a longtemps fait partie des territoires Habsbourg, le château d’origine de cette famille étant d’ailleurs distant d’à peine une heure de la ville de Frick, à laquelle la vallée doit son nom.
Historiquement, le Fricktal était rattaché au Brisgau, région autour de Fribourg au sud du pays de Bade, dans ce que l’on appelait l’Autriche Antérieure (Vorderösterreich en allemand).
Il en a été soustrait au 19è siècle, à la suite des guerres napoléoniennes et des traités de paix signés à cette époque entre la France et l’Empire Austro-Hongrois.
Intégrée aux cantons helvétiques, cette région fait à présent partie de l’Argovie.
Une silhouette très voisine
Le costume du Fricktal ressemble beaucoup à celui porté en Alsace.
Une personne peu au fait des particularismes locaux pourrait facilement confondre les deux tant les similitudes sont grandes : même corselet lacé sur un plastron haut, même petite collerette autour du col.
Le même petit bonnet de base
Le bonnet qui sert de soutien à ce nœud est identique, dans sa forme et sa découpe, ainsi que dans ses matériaux, à ce que l’on peut trouver en Alsace ou dans l’Allemagne proche.
(Voir article: les cousines d’outre Rhin – partie 1.)
Il est en deux parties égales, réunies par une couture médiane le tout bordé d’un large ruban noir. Le fond est brodé de motifs en fils d’or ou d’argent.
La manière de le porter se révèle toutefois un peu différente, le bonnet venant se placer très en avant de la tête.
La naissance des cheveux et une partie du front sont ainsi recouverts, contrairement au bonnet alsacien, placé plus en arrière.
Une évolution similaire
Cette coiffe de petite taille, avec son ruban étroit noué sur le front, a suivi la même évolution que celles portées de part et d’autre du Rhin, du coté alsacien ou sur la rive allemande.
(voir : les débuts du nœud alsacien)
On peut d’ailleurs remarquer qu’au 18è siècle, la forme de ladite coiffe était la même des deux cotés, la différentiation n’intervenant qu’au siècle suivant, stimulée par l’essor industriel et la démocratisation textile qui en a découlé autant que par les bouleversements politiques.
Un nœud plus modeste
Une évolution raisonnable
La coiffe se présente avec un nœud projeté sur l’avant, comme chez ses voisines du pays de Bade, le bonnet et l’arrière de la tête restant largement à découvert.
(voir article sur la coiffe de Fribourg : les cousines d’Outre Rhin – partie 2)
Aspect qui le différencie nettement du nœud alsacien. Lequel a reculé plus en arrière à mesure de son expansion, laissant à peine deviner le bonnet qui lui sert de support. (voir : la coiffe alsacienne et ses secrets)
Apparence moderne
Sous sa forme actuelle, le nœud de ruban qui orne la coiffe du Fricktal s’est quelque peu standardisé, perdant en exubérance pour adopter une allure plus rigide.
L’ensemble du ruban et de ses boucles se présente de nos jours en un nœud discipliné et plus raide, tiré à l’horizontale au-dessus de la tête. Les petites franges qui le bordaient au 19è siècle ont été supprimées.
La production des rubans dans le Fricktal
Les régions proches de Bâle ont été pendant longtemps des lieux importants de production de rubans de soie.
Il a connu par la suite un développement particulier avec la mise en place du « Verlagssystem » (production dispersée).
Ce type d’industrie, qui reposait sur le travail d’artisans travaillant à domicile dans les villages et vallées autour de Bâle, rompait avec le système des corporations installées en ville depuis l’époque médiévale.
Mis en place au 17è siècle, il permettait aux entrepreneurs bâlois d’être maîtres de la chaîne de production en gardant la main sur les artisans et intermédiaires, acteurs principaux de la filière. Ce système, qui a perduré jusqu’au 20è siècle, a permit l’édification de véritables fortunes, le commerce des rubans de soie se révélant très lucratif.
Les rubans de soie qui ornent le front des femmes sont l’illustration du succès de cette production spécifique.
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Références
- Julie HEIERLI – Die Volkstrachten der Mittel und Westschweiz – Publié par Eugen Rentsch – Erlenbach Zürich, 1932.
- SCHURCH Lotti WITZIG Louise (Textes), Photographies Rolf WEISS – Costumes suisses – Publié par la Fédération nationale des costumes suisses – Zurich, 1980.
- Ernst LAUR (Textes) – Kurt WIRTH (Illustrations) – Costumes Suisses – Editions Silva – Zurich. 1954
- Costumes suisses – Images et Traditions – Editions Slatkine – Genève 1986.
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Liens
https://blog.nationalmuseum.ch/fr/2021/10/le-canton-du-fricktal/
https://www.trachtengruppe-eiken.ch/unsere-tracht/
https://archiv.sgv-sstp.ch/collection/sgv_15/all/1
https://folkcostume.blogspot.com/2013/12/overview-of-swiss-costume.html
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