Une répartition schématique des formes
Le costume, tel qu’il est présenté de nos jours dans les groupes folkloriques, est schématiquement réparti en deux catégories : le « catholique » et le « protestant ».
Le catholique se caractérise par un corselet haut, accompagné d’une longue jupe rouge coquelicot.
Le protestant, quant à lui, se présente avec un corselet plus court et plus ouvert, la jupe pouvant être verte, bleue, violette ou rouge foncé.
Les limites de la catégorisation
Cette répartition ne rend bien sûr pas compte des différences existant à l’intérieur de ces deux groupes confessionnels. D’autant que les frontières entre les deux ne sont pas si tranchées et que certains corselets classés « protestants » ressemblent beaucoup à ceux des catholiques.
Comme par exemple celui des femmes de Hoerth qui, bien que de confession protestante, portent un corselet très haut proche de celui des catholiques. Ressemblance corrigée par le large plastron orné qui, lui, est bien de style protestant.
Catholique …
Le corselet « catholique », avec son allure montante, est celui qui est resté le plus proche des hauts portés au 18è siècle.
A la fin du 19è siècle, il monte jusqu’à mi-poitrine avec une ouverture sur l’avant plus resserrée qu’aux origines. Le vorstecker qui l’accompagne est étroit, dépassant de peu la partie lacée.
Ou protestant ?
Il s’est raccourci au fil du temps et se présente le plus souvent sous une forme courte passant sous la poitrine, avec une échancrure plus ou moins accentuée. Il est souvent doté d’impressionnants vorstecker, débordant largement sur le devant de la poitrine.
Du Kochersberg au pays de Hanau
Alors qu’à Hoerth ou Geudertheim, au nord de Strasbourg, on retrouve la coupe haute plus ancienne, déjà mentionnée plus haut, avec une ouverture large mettant en valeur le riche vorstecker.
Un témoignage précis de cette évolution conjointe nous est fourni à travers une photo de la fin du 19è siècle. L’observation du costume de la jeune femme de gauche permet de remarquer la manière dont les œillets de fermeture du corselet ne sont plus utilisés dans leur totalité pour laisser toute la place au vorstecker. (Retrouver un exemple similaire dans : « le vorstecker-l’Alsace qui plastronne »).
La recherche de la singularité
Au 19è siècle, avec l’essor des techniques textiles et la hausse du niveau de vie dans les campagnes, le costume rural a connut une importante phase de développement. Mouvement à l’origine de grandes disparités puisque le sud de l’Alsace, pour cause d’industrialisation accélérée, a rapidement abandonné ses tenues traditionnelles pour se mettre à la mode citadine. Ce qui ne fut le cas de la Basse Alsace où les communautés villageoises n’ont pas subi le même exode rural et où les traditions vestimentaires ont eu la possibilité de se développer et se diversifier plus largement.
D’un village à l’autre, ce fut l’occasion d’accentuer ou de modifier tel ou tel élément du costume avec, à la clé, une codification marquée de ces différents éléments. Coiffe, jupe, plastron et bien sûr corselet ont ainsi servi d’outils indiquant l’appartenance confessionnelle et villageoise autant que le niveau de richesse.
Pour en savoir plus sur les divers corselets protestants
Références
- La culture des apparences – une histoire du vêtement (17è-18è siècle), Daniel Roche – Editions Fayard – coll. Point Histoire – Paris. 2007
- Folklore et tradition en Alsace – Ouvrage collectif – Editions SAEP Colmar-Ingersheim 1973
- Costumes et coutumes d’Alsace – A Laugel et Ch.Spindler Editions Alsatia 1975
Arlette Kusen
29 mai 2021Article très instructif et très intéressant sur le costume alsacien. Merci pour le partage. Il est important que les éléments de notre patrimoine et culture régionale soit accessible au public le plus large possible.